Un Etat indien où la naissance des femmes n’est pas une tare mais une source de joie, où la majorité des hommes restent à la maison pour s’occuper des enfants pendant que leur femme s’occupe du commerce, ce n’est pas une fiction. Dans l’Etat autonome du Meghalaya, au Nord-est de l’Inde, le peuple des Khasi pratique la succession matrilinéaire. Non seulement le nom mais aussi l’héritage des biens et du pouvoir se fait de la mère à la fille.
Ce peuple serait originaire du Tibet. On compte aujourd’hui 5 millions de Khasi dans les Etats du Meghalaya, l’Assam ou encore quelques états de l’Inde du Nord. Dans l’Etat du Meghalaya les femmes dirigent le foyer. Les hommes qui sont liés avec elles s’occupent de leurs terres et de leurs enfants tandis que les femmes font les affaires entre femmes.
Les moeurs sexuelles et maritales sont plus libres que dans le reste de l’Inde puisque les divorces, et le libre choix de son conjoint sont des pratiques courantes. Cependant les filles cadettes sont les plus recherchées puisqu’elles hériteront de la propriété. Enfin les mariages ne se font qu’entre clans différents. Le mari doit s’installer dans la propriété de la famille de sa femme.
Il existerait sept clans différents selon la légende. On remonte aux origines du clan en suivant la lignée des ancêtres féminins. Sept femmes et sept familles auraient enfanté de l’humanité. La femme ancêtre est très importante dans les rituels Khasi. Côté tourisme il est possible de parcourir les champs de menhirs érigés par les ancêtres de ce peuple. Le site le plus remarquable et le plus connu est le site préhistorique de Nartiang. Les habitants s’y rassemblent toujours pour célébrer le solstice d’été et d’hiver.
On a remarqué que dans l’Etat du Meghalaya, l’éducation est plus efficace et importante que dans le reste de l’Inde. La grande majorité des enfants ont ainsi accès à la scolarité. Des infrastructures spécifiques ont été mises en place. Des pistes et des lignes de bus scolaires ont été établies pour offrir une éducation aux enfants des villages reculés. Au niveau de l’ensemble de l’Etat du Meghalaya, le sexe féminin est presque aussi alphabétisé que le masculin (60, 41 % contre 66,14 %). A travers l’exemple de l’éducation, on en déduit que cette tribu affiche une plus forte égalité des sexes que dans le reste du pays. La tribu Khasi afficherait même une inégalité en faveur des femmes. C’est il y a 7 ans, avec le branchement satellite de la région que des mouvements masculins ont émergé. Les hommes Khasi ont découvert la société patriarcale avec les succès bollywoodiens.
« Il est injuste que les femmes aient toute la puissance, et nous, rien. Nous n’avons aucun rôle a jouer, excepté changer les couches et nourrir les bébés. Certains de mes amis ont commencé à boire et à prendre des drogues parce qu’ils sont frustrés. »
15 août 2007, dans l’Etat du Meghalaya, des écoliers de la tribu Khasi chantent avec énergie et enthousiasme l’hymne national, pendant que le préfet du district, un haut fonctionnaire indien du Sud issu d’une caste intouchable hisse le drapeau de la nation. Cette célébration du 60ème anniversaire de l’indépendance de l’Inde dans un état récemment sécessionniste apparaît comme le signe d’une parfaite intégration nationale, conformément au crédo « l’unité dans la diversité ». Pourtant, cette anecdote est loin de refléter avec précision l’état actuel de l’intégration de la tribu Khasi dans la société indienne. Les mouvements sécessionnistes qui secouent l’Inde de temps à autre, et notamment dans le Nord-Est, soulèvent le problème de l’intégration de certains espaces périphériques où des peuples aux forts particularismes ethniques et culturels se jugent négligés ou dominés par le reste de microcontinent.
Pour éviter d’envenimer les choses, l’Etat doit veiller à un juste équilibre entre fédéralisme et centralisme. Les mouvements sécessionnistes s’opposent très généralement au centralisme politique et réclame davantage d’indépendance dans la gouvernance de leur Etat. Toutefois, le gouvernement ne doit pas se montrer trop laxiste avec ces Etats afin de consolider l’Union indienne établie après l’indépendance du pays.