Le paan est quelque chose de typiquement indien auquel on échappe difficilement après les repas traditionnels. Vous pourrez en trouver dans les échoppes au bord de la route ou auprès des « buralistes » de rue. Ces produits d’une variété impressionnante sont fabriqués avec un mélange d’épices (muscade, safran, cardamone…), de noix d’arec et de chaux, à quoi l’on ajoute souvent du tabac, le tout enveloppé dans une feuille de bétel , maintenue enroulée par un clou de girofle. Chacun a ses parfums favoris et le choix est vaste. Plus généralement (et je vous le conseille), demandez le « sweet paan », ou « mitha paan » qui est sans tabac.
On le mastique après les repas, connu pour ses vertus médicales, le paan aussi appelé tambool. Il aide à la digestion, sert d’astringent, stimulant et purifiant. Il coûte généralement entre 1 et 5 roupies, est composé devant vous et propose un goût unique que nous, en tant qu’européens, on apprécie ou on n’aime pas du tout.
La chique de bétel et de noix d’arec est une pratique très répandue dans de nombreuses régions d’Asie comme ailleurs dans le monde au sein de populations migrantes provenant d’Asie. On chique le bétel pour de nombreuses et diverses raisons, y compris pour ses vertus stimulantes, pour calmer la faim, pour adoucir l’haleine, et comme pratique culturelle. Des produits de facture artisanale ou sous dénomination commerciale se trouvent disponibles en accès libre auprès de « paan shops » dans de nombreuses villes hors d’Asie.
Le Royaume-Uni est le premier importateur hors d’Asie, les quantités importées ayant doublé depuis le début des années 80. Dans certaines communautés d’immigrants, la grande majorité s’adonne à cette pratique. Les jeunes enfants débutent par des produits de noix d’arec édulcorés, y ajoutant souvent du tabac au cours de l’adolescence.
Pendant la prière deux feuilles de tambool avec une noix d’arec sont offertes au Dieu en chantant des hymnes religieux. La présentation du tambool est considérée comme une partie nécessaire de l’hospitalité dans les fonctions sociales. On lui donnait une importance égale pendant les mariages. En Maharashtra, il y a une coutume spéciale d’après laquelle la mariée tient la chique de tambool (bétel) dans la bouche et le marié doit en détacher une petite quantité. Cet acte était considéré comme un vœu d’honneur et d’amour qui scellait leurs relations pour la vie. D’autre part, il y a des exemples de femmes Rajput savourant leur dernière chique avant de se jeter au bûcher de « Sati ». Le régime post-natal comprenait invariablement de la chique de bétel ou tambool qui contenait des herbes et des épices médicinales spéciales contribuant au rétablissement de la nouvelle mère.
Mais comme pour toute bonne chose, il est fortement déconseillé d’en abuser. En effet, l’Agence International pour la Recherche sur le Cancer reconnaît les effets néfastes de ce digestif sur la santé. Le paan, au-delà de ses vertus médicinales, peut se révéler cancérigène, notamment en raison du mélange de noix d’arec et de tabac.