C’est avec émotion que les militants LGBT ont accueilli, mardi 15 avril 2014, la nouvelle de la reconnaissance officielle par la Cour Suprême indienne d’un « troisième genre », ni féminin, ni masculin. Les personnes transgenres obtiennent ainsi le droit de se marier, d’hériter, de divorcer et d’adopter des enfants.
Cette décision place la plus grande République du monde au même stade que l’Allemagne, premier pays européen à autoriser, depuis le 1er Novembre 2014, l’inscription d’un sexe « indéterminé » sur les certificats de naissance (The Guardian , citant le Süddeutsche Zeitung).
«Les transgenres sont des citoyens de ce pays et ont droit à l’éducation et à tous les autres droits», déclare le juge Radhakrishnan devant les médias. C’est ainsi que la Cour a ordonné l’octroi des mêmes aides sociales et aides à l’emploi que les autres groupes minoritaires. L’accès à la santé et à d’autres mécanismes sociaux sera également favorisé.
Cette décision donne cependant naissance à un surprenant paradoxe. En effet, l’homosexualité est encore un crime passible de dix ans d’emprisonnement jusqu’à la prison à vie en Inde. Cette loi remonte à 1860, lorsque sous la tutelle britannique fut promulgué l’article 377 du Code pénal indien, criminalisant les « relations charnelles contre l’ordre de la nature ».
« (L’article 377) constitue une violation des droits fondamentaux », tel était cependant le jugement rendu par la Haute Cour de Delhi le 2 juillet 2009. Cette jurisprudence fut applaudie par les membres de la communauté LGBT, perçue comme l’enclenchement de l’engrenage juridique vers la légalisation des relations homosexuelles sur tout le territoire.
C’est donc avec stupeur que les militants accueillirent, le 11 Décembre 2013, la déclaration de la Cour Suprême d’Inde criminalisant à nouveau les « relations contre nature ». Surprise mêlée de fureur pour les quelques 2,5 millions d’homosexuels que compte le pays et leurs sympathisants, qui voyaient d’ores et déjà la balance de Dame Justice pencher en leur faveur.
Nul ne sait quand la question sera reconsidérée, les rouages du système législatif étant particulièrement mal huilés. De plus, dans cette société encore extrêmement traditionnelle l’homosexualité, ou même la sexualité quel que soit sa forme, constituent des sujets peu abordés au sein de la société civile et du gouvernement.