Tout sur la Musique Bollywood


Je vous propose un petit voyage dans l’immense répertoire musical du cinéma indien, les styles et influences qui ont forgé cette culture unique d’une richesse insoupçonnée.

Le cinéma indien s’est développé très tôt. Tout d’abord en muet, souvent sur des thèmes religieux (extrait du Mahâbhârata, légendes…), puis vint Alam Ara, en 1931, premier film parlant Indien, avec la célèbre actrice Zubeida, une princesse qui s’est découvert une passion pour le cinéma grâce à sa mère la bégum Fatima, première réalisatrice de l’histoire du cinéma indien. Le succès fut telle que des mesures de sécurité exceptionnelles furent prises. Les chansons du films sont des succès populaires, devenues depuis des classiques de la musique indienne et ont lancé l’industrie musicale du pays. La  difficulté principale du marché indien est la diversité culturelle du pays. Il existe plus de 20 langues officielles et des centaines de dialectes, chacune avec leur propre musicalité, leur propre traditions musicales. Comment unir un tel pays autour d’une même passion ?

Le cinéma indien s’est constitué simultanément dans les différentes provinces indiennes. Tollywood à Hyderabad pour le cinéma télougou,  Kollywood à Chennaï pour le cinéma tamoul, Bollywood à Bombay pour le cinéma en hindi ou encore Sandalwood au Karnatka pour le cinéma kannada, mais il en existe bien d’autres. Chaque culture propose son cinéma et sa musique. L’industrie du cinéma indien est donc très diversifiée, lui donnant une richesse exceptionnelle.

En avance sur la société indienne, la production musicale a  mis en avant différents styles musicaux, à travers les différentes périodes de l’histoire de la musique moderne. Comme dans l’Europe et l’Amérique des 50’s, l’Inde a connu sa période crooner, des stars du chant qui multipliaient les chansons dans différents films. Leurs voix furent vite assimiler au cinéma. Certains comme Kishore Kumar ou Mohamed Rafi sont devenus plus célèbres que la plupart des acteurs. Puis vint les débuts du rock avec Bhoot Bungla, qui n’a pas réellement percé en Inde, mais la tentative est intéressante !

Influencé par la musique spirituelle indienne et les grands maîtres de la Sitar comme Ravi Shankar, un mouvement dit de « pop psychédélique » vit le jour dans le cinéma indien. Très apprécié de la jeunesse hippie qui affluait à l’époque en Inde, elle a marqué la culture pop rock des années 70’s, notamment grâce à la venue des Beatles à Rishikesh et leur célèbre album blanc composé dans l’ashram. Le symbole de cette période en Inde reste la chanson Dum Maro Dum, tiré du film Hare Rama Hare Krishna, chanté par la superstar de l’époque Asha Bhosle, elle fit un carton à sa sortie et est aujourd’hui encore reprise et samplée par des rappeurs comme Method Man.

Après cet « âge d’or », ce fut la période disco du débuts des 80’s au milieu des 90’s. La musique des films s’occidentalisa de plus en plus, montrant une Inde moderne, tout en gardant l’exubérance qui fait son charme. La danse devient de plus en plus unique au cinéma, devenant un mélange de danse traditionnelle et de danse moderne, la musique rentre dans les toutes nouvelles boîtes de nuits de Bombay ou Delhi. Cette période a fortement marqué l’imagerie populaire de Bollywood à travers le monde, kitsch et très exubérant, parfois à la limite du nanar (je vous invite à regarder Disco Dancer…).

Enfin, de nos jours,Bollywood est passé aux musiques électroniques introduit par A.R. Rahman et son succès planétaire Jai Ho, autotunes et synthés sont les nouveaux instruments à la mode. Le hip hop (notamment grâce au succès du rap Penjabi) fait son entrée, Goa et ses soirées endiablées façonnent un nouveau bollywood, perdant une partie de son innocence. L’industrie Bollywood est de loin la première en nombre d’entrée (3,3 milliards d’entrées en 2011!), les budgets quasiment hollywoodiens, les images de synthèses et la 3D ont bouleversé le cinéma indien, bien sur l’industrie musicale suit la tendance…